Deux jeunes Rouennais d’aujourd’hui, Thomas Pesquet et Matthieu Tordeur, contribuent à la notoriété de la Normandie et de la Métropole rouennaise… Ils sensibilisent aussi un large public à l’intérêt des sciences et à l’état préoccupant de notre planète.
Thomas PESQUET : l’espace comme horizon
C’est le plus connu. Né à Rouen en 1978, il intègre une classe préparatoire scientifique au lycée Corneille en 1998, puis il entre à l’École Nationale Supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace à Toulouse, dont il sort diplômé (dans le domaine de la conception et le contrôle des satellites), puis il valide son master Aéronautique et Espace à l’Université de Montréal.
L’Agence Spatiale Européenne (ESA) et et la Station Spatiale Internationale, (ISS) comme cadres de travail
En 2002, il entre au Centre National d’Études Spatiales, l’agence française de l’Espace créée en 1963 et moteur très actif de l’Agence Spatiale Européenne, puis il obtient sa licence de pilote de ligne en 2016, à Air France. Il devient un pilote très qualifié pour les expériences menées sur des Airbus.
Il poursuit son rêve d’enfant et postule ensuite un poste d’astronaute à l’ESA, qu’il obtient, et suit une formation au Centre des astronautes européens en Allemagne. Après cette formation, il travaille en 2010 comme responsable des communications avec les astronautes en vol. En novembre 2016, il réalise enfin son rêve et rejoint l’équipe d’astronautes de l’ISS (Station Spatiale Internationale), depuis la base de Baïkonour, au Kazakhstan. Il y séjourne pendant 196 jours jusqu’en juin 2017.
Il poursuit sa carrière de spationaute et monte à bord de l’équipe Dragon de SpaceX, en juillet 2020, accompagné de plusieurs astronautes de la NASA et de la Jaxa (Japan Aerospace Exploration Agency). En avril 2021, il rejoint pour la deuxième fois la Station Spatiale Internationale, pour une durée de 6 mois, depuis Cap Canaveral aux États-Unis, dans le cadre de la Mission Alpha.
D’autres compétences
Il pratique couramment l’anglais et le russe et parle trois autres langues, l’espagnol, l’allemand et le chinois ! Très sportif, il pratique le judo, la plongée, le basket et le squash. C’est aussi un excellent communicant et vulgarisateur scientifique, très actif, très présent sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, il est parrain de la candidature de Rouen au titre de Capitale européenne de la Culture en 2028.
Matthieu Tordeur : explorateur des mondes polaires
Né le 4 décembre 1991 à Rouen, longtemps le plus jeune membre de la Société des explorateurs français, Matthieu Tordeur, après une scolarité au lycée Jean Baptiste de la Salle à Rouen, a suivi une formation assez généraliste au King’s collège de Londres et à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, soit des études assez européennes.
Depuis 2013, mû par un incroyable esprit d’aventure, il a multiplié les exploits : un tour du monde en Renault 4l pour la promotion de la microfinance, en 2016 une descente de la Seine normande en kayak, de Vernon à Honfleur, en 2018, une traversée du Sahara du Caire à Khartoum en vélo électrique…
Mais c’est surtout dans ses expéditions polaires qu’il a poussé l’esprit d’exploration et d’aventure le plus loin : à son actif, une expédition au Groënland et au Tadjikistan sur le glacier Fedchenko… En 2019, à seulement 27 ans, il est le 1er français à rejoindre le pôle sud à ski, en solitaire et sans assistance, en 50 jours! On peut dire qu’il marche dans les pas des grands explorateurs normands du monde polaire que sont Dumont d’Urville, Charcot, ou comme Jean-Louis Étienne, le dernier grand arpenteur français des pôles (Antartica, Polar Explorer …).
Début 2019, M.Tordeur rallie le pôle sud, en solitaire et sans ravitaillement.
Une préoccupation commune : notre planète, l’environnement, le réchauffement climatique, la vulgarisation scientifique.
Nos deux héros rouennais partagent un certain nombre de points communs : leurs explorations demandent un énorme travail de préparation technique, scientifique et un esprit d’équipe. Les expéditions d’aujourd’hui, dans l’espace comme aux pôles, sont des aventures à part entière qui ne laissent aucune place à l’improvisation ! Il faut prévoir les aléas. Pour Thomas Pesquet, même si l’exploration spatiale est en apparence rôdée, chaque vol est minutieusement préparé, de même que les expériences menées à bord. Les risques sont considérables, souvent ignorés du grand public : fuites de carburant, défaillances techniques …
L’ISS, par exemple, est un engin volant à 28 000 km/h, à la distance de 400km de la terre, qui sera démantelé en 2030. Ses modules sont fragiles, et la moindre défaillance peut coûter cher ! Les Russes repositionnent régulièrement la station en orbite, les Américains l’équipent aussi en moyens informatiques, les Européens font de nombreuses expériences scientifiques. Pour l’instant, malgré la situation en Ukraine, la coopération internationale est maintenue entre Russie, Europe, Etats-Unis, Japon. Chaque Etat a besoin de l’expertise de l’autre et l’ISS est pour l’instant à l’abri de ce qui se passe sur terre…
De ses expéditions dans l’espace, Thomas Pesquet, nommé ambassadeur de L’Unicef pour l’eau en 2016, a rapporté des centaines d’images de la terre, diffusées sur les réseaux et dans ses blogs. Il a aussi associé des écoliers à des expériences scientifiques menées à bord de l’ISS. »J’ai vu depuis la station spatiale la beauté de la Terre mais aussi sa fragilité. J’ai observé les effets des catastrophes naturelles et des problèmes majeurs que rencontre notre société ». National Geographic, 9 novembre 2017
Pour Matthieu Tordeur, travaillant en « solitaire », il faut chercher des sponsors, rassembler le matériel, ce qui représente 90% de son temps. Il a l’habitude de dire que ses expéditions, c’est 10% de son temps. Et c’est aussi du travail d’équipe.
Tous les deux ont le souci de communiquer leur enthousiasme et leurs expériences à un vaste public. Ce sont des communicants, qui donnent des conférences, utilisent intensément les réseaux sociaux, avec le souci de toucher un très large public.
Leurs communications prouvent qu’ils sont très sensibles à l’état de notre planète, vu de loin, depuis l’ISS, pour Thomas Pesquet, et vu au plus près des glaces de l’Antarctique pour Matthieu Tordeur.
En décembre 2018, durant sa marche vers le pôle Sud, Matthieu Tordeur a pu mesurer le réchauffement climatique en constatant des anomalies de température : au lieu de -25°C, il a rencontré durant 3 semaines des températures de -2 à -10°C, qui ont ralenti sa progression, freinée par la neige poudreuse molle dans laquelle s’enfonçait son traineau. Un été austral aux températures totalement anormales, hélas!
Ses projets futurs sont directement orientés vers de nouvelles expéditions polaires, afin de produire du contenu scientifique à destination du grand public et des scolaires. Il est question d’un tour de l’Antarctique à la voile, pour enregistrer les sons de la faune, de produire des photos et des textes à la fois scientifiques et géopolitiques. A suivre…
Sources
Sur Matthieu Tordeur :
Etudes normandes, n°25, mars-mai 2023, 5 questions à Matthieu Tordeur, un explorateur normand d’aujourd’hui en Antarctique, propos recueillis par Gérard Granier en décembre 2022.
Le site personnel de Matthieu Tordeur: https://matthieutordeur.com/
Son expédition au pôle Sud: https://objectifpolesud.com/
Sur Thomas Pesquet : de très nombreux sites,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Pesquet
Images: https://www.youtube.com/watch?v=U_k0M9VV4Ko
Son site Instagram: https://www.instagram.com/thom_astro/?hl=fr
Expériences scientifiques à destination des publics scolaires: https://missionalpha.cnes.fr/fr/elevetonblob-resultats-iss
La Mission Alpha de 2021: https://missionalpha.cnes.fr/fr