Les années de formation à Rouen
Charles Nicolle est né à Rouen en 1866, dans une famille de médecins.
Après de solides études au Lycée Corneille de Rouen comme son père et ses frères, il s’engage dans la voie des études médicales en 1884, après avoir été tenté par des études d’histoire.
Il se forme à la Faculté de Médecine de Paris, puis à l’Institut Pasteur. Il obtient le titre de docteur en médecine en juillet 1893.
Une préoccupation centrale : l’hygiène
Dans le sillage de Louis Pasteur, la préoccupation des médecins de cette époque est l’hygiène et la recherche en microbiologie, afin de combattre les épidémies qui provoquent encore, malgré les vaccins et les mesures prises par les urbanistes, tels les bains publics, une forte mortalité.
De retour à Rouen, Charles Nicolle travaille à l’hôpital et à l’École de Médecine et s’oriente vers les spécialités de la dermatologie et de la vénérologie. En 1896 il devient chef du laboratoire de bactériologie à la Faculté de médecine de Rouen et tente vainement d’ouvrir un centre d’enseignement de la microbiologie.
Ses préoccupations hygiénistes et les ravages de la tuberculose à cette époque le poussent à fonder en 1898 un sanatorium à Oissel. Son activité essentielle reste cependant la lutte contre les maladies vénériennes.
Bientôt, atteint de surdité, il décide de se tourner vers les travaux de laboratoire.
À la tête de l’Institut Pasteur de Tunis
En 1903, , il prend la direction de l’Institut Pasteur de Tunis qu’il dirige jusqu’à son décès. Il arrive en Tunisie au moment où on cerne de mieux en mieux le rôle de transmission des agents infectieux dans les épidémies. Il mène des recherches sur diverses maladies infectieuses, dont le typhus, la brucellose, la leishmaniose, le paludisme, le trachome. Il décrit le rôle vecteur des animaux dans leur mode de propagation, et insiste sur l’existence d’«infection inapparente » .
Pas de découvertes scientifiques sans travail d’équipe
Il travaille notamment avec Charles Comte et Ernest Conseil, un médecin d’origine rouennaise, sur une épidémie de typhus qui sévit dans Tunis et il démontre en 1909 que l’agent vecteur de la maladie est le pou. En effet, les médecins notent qu’à l’hôpital de Tunis le personnel soignant ne contracte jamais le typhus, à la différence des agents de l’hôpital chargés de la réception des patients. De fait, ces agents obligent les malades à ne porter que les vêtements de l’hôpital et à prendre un bain. A la suite de ces gestes barrières, les malades, débarrassés de leurs poux, ne sont plus contagieux. À partir de cette constatation, l’équipe de Charles Nicolle conclut que des actes simples d’hygiène et la suppression du parasite sont efficaces.
Ernest Conseil travaille aussi sur les épidémies de peste et de choléra qui sévissent encore en Tunisie, puis sur celle du typhus qui atteint l’armée serbe en 1915. Il participe aussi à la recherche sur un vaccin contre le typhus, à son retour en Tunisie. Il travaille également à un vaccin contre la variole.
Bien après cette découverte qui remonte à 1909, Charles Nicolle reçoit le prix Nobel de médecine en 1928 « pour ses travaux sur le typhus ». Pourquoi si tard ? Peut-être à cause de l’interruption produite par la Grande Guerre dans la diffusion des travaux de recherche médicale.
Il décède en 1936.
Autres découvertes de Charles Nicolle sur la genèse des maladies infectieuses
En 1908 et 1909, Nicolle décrit aussi en compagnie de Louis Manceaux, la Toxoplasma Gondii, parasite unicellulaire responsable de la toxoplasmose, infection souvent asymptomatique, à partir d’un chat Gondi de l’Atlas. On estime maintenant qu’un tiers de la population mondiale est infectée par ce parasite. Cette maladie fait encore aujourd’hui l’objet de recherches et peut être à l’origine de diverses graves lésions. Dans son ouvrage Destin des maladies infectieuses publié en 1933, il écrit cette phrase prophétique concernant l’apparition de nouvelles maladies :
« Il y aura donc des maladies nouvelles. C’est un fait fatal. Un autre fait, aussi fatal, est que nous ne saurons jamais les dépister dès leur origine. Lorsque nous aurons notion de ces maladies, elles seront déjà toutes formées, adultes, pourrait-on dire. Elles apparaîtront comme Athéna parut, sortant toute armée du cerveau de Zeus. Comment les reconnaîtrons-nous, ces maladies nouvelles, comment soupçonnerions-nous leur existence avant qu’elles n’aient revêtu leurs costumes de symptômes ? Il faut bien se résigner à l’ignorance des premiers cas évidents. Ils seront méconnus, confondus avec des maladies déjà existantes et ce n’est qu’après une longue période de tâtonnements que l’on dégagera le nouveau type pathologique du tableau des affections déjà classées. »
Hélène Sparrow prend le relais : la coopération internationale
Hélène Sparrow (1891-1970) est d’origine anglaise, mais de nationalité ukrainienne, puis polonaise et ensuite française par naturalisation. Elle fait des études médicales à Kiev puis en Pologne et participe à la lutte contre le typhus après la Grande Guerre. Elle mène aussi dans ce pays des campagnes de vaccination contre la diphtérie et la scarlatine. Elle rejoint l’Institut Pasteur à Paris en 1927, puis celui de Tunis en 1928.
L’Institut Pasteur de Tunis attire donc la fine fleur de la médecine européenne comme Hélène Sparrow, qui devient une collaboratrice fidèle de Charles Nicolle.
Hélène Sparrow travaille à la recherche de production de vaccins contre la typhoïde, avec Charles Nicolle. Elle aboutit à la mise au point de ce vaccin en 1940, avec l’aide d’un autre virologue, P. Durand.
Pendant la guerre, elle héberge à Tunis de nombreux intellectuels et exilés dont André Gide. Après la Seconde Guerre mondiale, elle finit sa carrière à l’institut Pasteur de Paris, en tant que cheffe de service. On peut dire à juste titre que l’élève a dépassé le maître.
Charles Nicolle, Normand et Tunisien…
Normand par sa naissance et sa jeunesse rouennaise, Charles Nicolle est resté attaché à sa région natale, mais a aussi adopté la Tunisie. Durant son séjour à Tunis, il a participé activement à la vie culturelle de ce protectorat français. Charles Nicolle a aussi des talents littéraires. En témoignent ses cours au Collège de France dans les années 30. Il écrit des ouvrages sur ses recherches et découvertes, plusieurs romans, et est membre d’honneur de la Société française de graphologie. Sur sa tombe à l’Institut Pasteur de Tunis, on peut voir deux rameaux entrelacés, pommier et olivier, symboles de la Normandie et de la Tunisie. L’ancien hôpital civil français de Tunis porte son nom depuis 1947.
En 1953, l’hôpital général de Rouen, qui deviendra le CHU, décide également, en reconnaissance de ses travaux, de prendre son nom.
Un homme, deux hôpitaux
L’hôpital Charles Nicolle de Rouen
Site principal du CHU de Rouen avec plus de 1300 lits et places, l’hôpital Charles-Nicolle est situé au cœur de Rouen. Il regroupe la quasi-totalité des spécialités chirurgicales aiguës et disciplines médicales pour adultes, autour d’un plateau technique performant. Il est également le siège exclusif de certaines compétences régionales. Son service des urgences est l’un des plus importants de France, après les services de Paris, Lyon et Marseille.
L’hôpital dispose également d’un Institut de biologie clinique qui comprend 8 des 14 laboratoires du CHU. C’est de plus un centre d’enseignement et de formation en lien avec la faculté de Médecine et Pharmacie et l’Espace régional de formation des professions de santé.
Quelques chiffres
1 351 lits, 8 101 personnes, 11 blocs opératoires.
L’hôpital Charles Nicolle de Tunis : un grand centre hospitalier
Un des hôpitaux les mieux équipés de Tunisie, avec des spécialités de pointe et une coopération
avec le CHU de Rouen.
1047 lits, 2566 personnes, 9 blocs, 27 salles opératoires.
Sources
- Wikipedia
- https://planet-vie.ens.fr/thematiques/sante/epidemiologie/charles-nicolle-le-destin-des-maladies-infectieuses
- https://www.revuebiologiemedicale.fr/images/Biologie_et_histoire/353_BIOHIST_CHARLESNICOLLE_BD.pdf
- http://www.chucharlesnicolle.tn/
- https://www.chu-rouen.fr/hopital/hopital-charles-nicolle-rouen/
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