Après les bombardements intensifs de 1944, Sotteville-lès-Rouen est le lieu d’une reconstruction exemplaire à la mesure de l’ampleur du désastre.
Marcel Lods (1891-1978) désigné par le MRU (Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme) est un architecte expérimenté, proche des idées de l’architecte suisse Le Corbusier.
A Sotteville, il concrétise, avec les immeubles Garibaldi, ses théories : une séparation stricte des espaces urbains suivant leurs fonctions, voirie automobile autonome des parcours piétonniers, espaces verts isolés de la rue, implantation des édifices suivant une orientation affirmée, libération du sol par une construction en hauteur sur dix étages.
Comme dans les Cités radieuses du Corbusier, les immeubles sont bâtis sur pilotis et possèdent des locaux communautaires implantés sur les terrasses abritées. Le chauffage est collectif.
Pour bénéficier pleinement de l’orientation est-ouest des façades, à l’origine, les appartements sont traversants et bénéficient de balcons.
Les édifices de dix niveaux, grâce à une coordination modulaire de petits éléments préfabriqués, sont assemblés dans une logique de production industrielle (éléments de plancher, dallettes de façade, escaliers, éléments de cuisine).
La «zone verte» elle-même est équipée des bâtiments nécessaires à la vie quotidienne familiale et collective (groupes scolaires Raspail-Franklin et Renan-Michelet, dans lequel vient s’insérer depuis 2008 le siège de la CFDT). Ces bâtiments sont complétés d’un gymnase, d’aires sportives, d’abris, de parcs, d’un garage pour automobiles et d’un abri à bicyclettes collectif considéré comme un équipement de la vie quotidienne.
Ces bâtiments nous parlent de l’Europe :
Marcel LODS a exploité ici les principes de l’architecture fonctionnaliste inspirés de Le Corbusier et formalisés dans la Charte d’Athènes en 1933, lors des Congrès Internationaux d’Architecture Moderne qui réunissent de nombreux architectes européens qui appliqueront, parfois de façon un peu rigide, ces règles d’urbanisme et d’architecture dans l’Europe en reconstruction, après la Seconde guerre mondiale, règles souvent critiquées pour leur utopisme.
Garibaldi est clairement ici une référence internationaliste et européenne qui ne dénote pas dans une ville qui a eu plusieurs maires socialistes ; on peut y voir un hommage au destin aventureux et romantique de Giuseppe Garibaldi, né à Nice, républicain artisan de l’Unité italienne mais aussi engagé dans le conflit franco-prussien de 1870-1871 du côté des Français ; il fait également un long séjour en Amérique latine de 1835 à 1848.