« Si c’était à refaire, je commencerais par la culture ». On sait maintenant que, si cette phrase lui a longtemps été attribuée, Jean Monnet, le père de l’Europe, ne l’a en fait jamais prononcée.
À l’origine des capitales européennes de la Culture, on trouve pourtant la conviction, chez les responsables européens, que l’Europe s’est trop longtemps uniquement préoccupée de politique et d’économie, négligeant les échanges culturels entre ses habitants.
En 1985, l’actrice Melina Mercouri, alors ministre de la Culture de la Grèce, initia le projet de créer, chaque année, une Capitale Européenne de la Culture.
Depuis 2009, deux villes de l’Union européenne auxquelles s’ajoute une ville d’un pays candidat à rejoindre l’UE, au moins, se partagent le label. Des règles précises assurent une rotation entre les États membres. Quatre villes françaises ont déjà reçu ce titre : Paris en 1989, Avignon en 2000, Lille en 2004 et Marseille en 2013.
En 2028, aux côtés d’une ville tchèque, une autre ville française sera de nouveau à l’honneur. Comme Rouen, de nombreuses communes ou collectivités territoriales sont en lice : Nice, Bourges, Reims, Saint-Denis et Clermont-Ferrand.
Capitale Européenne de la Culture, pourquoi ?
Le but de ce label est, selon la Commission européenne, de « mettre en valeur la diversité de la richesse culturelle en Europe et les liens qui nous unissent en tant qu’Européens ». Plus précisément, il s’agit, pour les villes sélectionnées, de promouvoir leur patrimoine et leur dynamisme culturel à travers l’organisation d’expositions, de festivals et d’autres évènements, tout en bénéficiant d’une couverture médiatique grâce à la labellisation européenne.
C’est aussi l’occasion pour des villes en difficulté de revoir leur projet territorial, sur le long terme, le projet culturel, bien sûr , mais aussi économique et social. Lille, Capitale européenne en 2004 a largement profité du titre pour décoller. Autre exemple, Matera, dans les Pouilles (Italie), classée ville du patrimoine de l’UNESCO en 1993, a su rebondir en recevant le titre de Capitale Européenne de la Culture en 2019, et rénover l’ensemble de son habitat troglodytique et son patrimoine très ancien.
Capitale Européenne de la Culture, comment ?
Quatre ans avant l’échéance, le pays désigné soumet aux institutions européennes une liste de villes présélectionnées. La Commission européenne réunit alors un jury chargé d’étudier chaque dossier et d’établir une recommandation.
Le ministère de la Culture français a fait connaître en décembre 2021 les modalités du choix de la prochaine lauréate. Un jury composé de douze membres (dix désignés par le Parlement européen, le Conseil, la Commission européenne et le Comité des régions et deux désignés par le ministère) doit présélectionner trois villes françaises qui peuvent prétendre au titre, au premier semestre 2023. La décision finale est attendue pour la fin de cette même année 2023.
Le Mouvement Européen 76 participe à la promotion de la candidature rouennaise
Comme militants pro-européens, bien sûr, à l’instar de Mélina Mercouri, nous sommes persuadés que la culture peut rassembler les hommes au lieu de les diviser.
En tant que membres du collège « citoyens » de l’association Rouen-Normandie 2028 fondée en 2019, nous avons participé à tous les événements importants de cette association et contribué à préparer le dossier de candidature, soumis à Bruxelles début 2023 : assemblées générales, conseils d’administration, ateliers participatifs, visio-conférences …
Comme Seinomarins, et plus largement normands, nous avons d’emblée été séduits par cette belle aventure qui concerne toute la Vallée de Seine, de Giverny à Honfleur, avec la Métropole de Rouen comme port principal d’embarquement.
Une candidature de la Seine toute entière
La candidature de la Seine toute entière de Giverny au Havre est le fil conducteur du projet :
- car fédérateur des territoires et de leurs habitants et de leurs organisations (associations, festivals, collectivités territoriales), autour de leur fleuve. Il s’agit de rapprocher les humains de leur territoire-source.
- et aussi fédérateur des villes d’Europe, comme la nôtre, traversées par des fleuves. Il s’agit d’entamer un dialogue entre des villes fluviales européennes toutes plus ou moins concernées par les enjeux actuels de risque climatique, de transition écologique, scientifiques aussi, que les générations futures devront poursuivre.
Cette candidature n’est pas une fin en soi, mais le début d’une aventure de 10 années. C’est une candidature de la Seine pour les générations futures, autour des savoirs et des savoirs-faire partagés
Elle mise sur les coopérations entre tous les acteurs sur le territoire de Seine, de Giverny au Havre.
Rouen et son réseau de villes amies
Six villes européennes ont apporté leur soutien à la candidature rouennaise : Alveiro (Portugal), Hanovre (Allemagne), Kaunas (Lituanie), Skopje(Macédoine), Norwich (Royaume-Uni) et Trondheim (Norvège). Ces 6 villes ont en commun la présence d’un fleuve, d’une université et de liens divers avec la ville de Rouen. Ces villes ont aussi une expérience de Capitale Européenne de la Culture ou de candidature à ce label.
La candidature de Rouen s’articule autour de ces axes et ambitionne d’être un levier majeur de la transition écologique sur la longue durée.
Vu l’urgence climatique, le projet de Rouen Capitale Européenne de la Culture associe un vaste territoire naturel, comme ailleurs en Europe, chargé d’histoire et transformé à l’Anthropocène, afin de sensibiliser le public aux objectifs de transition, dans le cadre de festivités culturelles fédératrices.
Au final, comme européens, normands, seinomarins, le Mouvement Européen de Seine-Maritime, soutient et apporte son concours à ce projet plein d’avenir
Pour en savoir plus
- Sur la candidature de Rouen 2028: https://rouen2028.eu
- Sur les Capitales Européennes de la Culture 2022 : https://www.touteleurope.eu/societe/les-capitales-europeennes-de-la-culture/
- Sur l’historique des Capitales Européennes de la Culture : https://fr.wikipedia.org/wiki/Capitale_europ%C3%A9enne_de_la_culture