Le Palais de justice de Rouen est l’ancien Échiquier de Normandie construit dans la ville de Rouen entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle. Devenu Parlement de Normandie sous le règne de François 1er, il abrite le Palais de justice depuis la Révolution française.
Sur les murs, tout autour du bâtiment, on peut encore voir les impacts des balles lors des combats de la Libération à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
Ce bâtiment nous parle de l’Europe à double titre
Par son style architectural, de transition entre les décorations de style gothique flamboyant (pinacles, balustrades et gargouilles) tout autour de la toiture et la Renaissance italienne (grandes fenêtres à meneaux). Cette influence italienne est le fait de Louis XII et de son ministre, l’archevêque de Rouen Georges d’Amboise, engagés comme François 1er dans les guerres d’Italie et donneurs d’œuvre de ce bâtiment qui abritait la Cour d’appel pour toute la Normandie.
Par la Maison sublime, cœur de l’ancien quartier juif, construite vers 1100, qui témoigne de l’ancienneté à Rouen d’une présence juive dont on peut trouver les premières traces dès l’époque gallo-romaine, dans l’Europe occidentale.
La Maison sublime
En surface, rien ne trahit sa présence. Ni musée, ni panneaux, pas même une pancarte.
Sous la cour d’honneur du Palais de justice de Rouen, à deux pas de la cathédrale et de la place du Vieux-Marché où Jeanne d’Arc fut brûlée vive en 1431, se cache pourtant le plus ancien monument juif conservé en France.
L’édifice roman a été mis au jour par hasard, en août 1976, lors de travaux de rénovation, et rapidement identifié par les archéologues dépêchés sur place. Il faut dire que le Palais de justice a été bâti sur l’emplacement de l’ancien quartier juif et que quelques vieux manuscrits gardaient la mémoire d’une communauté disparue, victime des persécutions de Philippe Le Bel (expulsion en 1306) et de Charles VI ( XIVe siècle). Cette communauté avait des représentants à Londres (Normandie oblige).
Au XVIe, des juifs marranes (convertis de force au catholicisme mais conservant la foi de leurs ancêtres), expulsés d’Espagne, s’installent à Bordeaux, Rouen, puis Amsterdam et Londres.
C’est le plus ancien monument hébraïque de France. La Maison sublime, qui a vu passer certains des grands maîtres médiévaux du Talmud, témoigne de l’importance de la communauté juive dans l’essor de la ville.
L’analyse des techniques de construction et des matériaux de la Maison sublime a d’ailleurs montré qu’elle a peut-être été bâtie par l’atelier qui a édifié l’église abbatiale Saint-Georges de Boscherville, à 12 kilomètres de là.
Un astronome andalou à Rouen
Les écrits d’Abraham Ibn Ezra (1089- 1167), rabbin, exégète et astronome andalou qui avait voyagé en Italie, au Maghreb et en Provence avant de résider à Rouen dix années durant, illustrent bien, là encore, ces échanges culturels et intellectuels.