Le «Père Lachaise» rouennais (1828)
C’est le grand cimetière de Rouen par sa superficie (10 ha), son site «haut perché» et son intérêt historique et patrimonial. À l’exemple du cimetière du Père Lachaise, créé à Paris en 1804 et ouvert à tous, il accueille à partir de 1828, les tombes et les « monuments » de personnalités rouennaises célèbres. C’est donc une façon originale de découvrir l’histoire de Rouen sur deux siècles. On y jouit aussi d’une belle vue panoramique sur Rouen, puisque le cimetière est situé sur un terrain à mi-pente, entre le plateau et la vallée de la Seine. Un lieu paisible, serein, qu’on ne saurait trop vous recommander !
Son plan est simple : des axes est-ouest et nord-sud qui rappellent le plan de Rouen, avec des allées très larges ouvrant de belles perspectives ; c’est le cas notamment de l’allée centrale, d’orientation nord-est – sud-ouest.
La Chapelle : elle est au centre névralgique du cimetière. C’est une belle construction de style classique, en pierre de calcaire et briques, qui s’ouvre par un portail encadré de deux colonnes, qui supporte un fronton triangulaire. L’abside, à l’arrière de l’édifice, est de style néo-roman. L’édifice est surmonté d’une coupole. La chapelle abrite actuellement un colombarium qui recueille les cendres des morts de l’ancien crématorium (construit en 1899). Aujourd’hui détruit, il a été remplacé par un nouveau crématorium et un funérarium, situés au nord-est du cimetière.
Un haut-lieu de la mémoire rouennaise
Quelques allées centrales présentent, comme il se doit au 19e siècle, en ces temps de bourgeoisie triomphante, une déclinaison de tombes surmontées de petites chapelles funéraires monumentales, où sont inhumées de riches familles, notamment l’industriel Pouyer-Quertier, propriétaire de la filature la Foudre au Petit-Quevilly et ministre des Finances de Thiers dans des caveaux achetés en concession à la ville.
On y trouve également des maires de Rouen, tels Nétien, Verdrel, Métayer, des officiers, des célébrités du monde des lettres et des arts, dont Gustave Flaubert, Boieldieu …
«D’ailleurs, c’est toujours les autres qui meurent» : cette épitaphe célèbre de Marcel Duchamp orne sa tombe, à côté des autres tombes de cette famille d’artistes et d’intellectuels rouennais célèbres.
Le site Wikipédia répertorie une liste quasi complète des Rouennais remarquables ayant une sépulture au «Monumental».
Un cimetière remarquable d’Europe
Le label « Cimetière remarquable d’Europe » a été décerné à la ville de Rouen, en 2019, par l’ASCE (Association of Significant Cemeteries of Europe), association liée au Conseil de l’Europe [1].
Le cimetière Monumental accueille les croyants de toutes les religions implantées sur le sol européen : catholiques, protestants, juif … à chacun son espace et son art funéraire . Il y a notamment un carré juif. Un crématorium est construit à la fin du 19e siècle (en même temps que celui du Père Lachaise à Paris) pour permettre l’incinération, malgré l’interdit jeté sur ce mode d’inhumation, par l’Église catholique, interdit qui ne sera levé qu’en 1963. un des premiers défunts incinérés est le naturaliste rouennais Gadeau de Kerville.
Le cimetière Monumental conserve également une trace mémorielle des conflits du passé. Le conflit franco-prussien de 1870-1871 à Rouen a eu pour conséquence l’inhumation de soldats dans des carrés prussiens et l’érection d’un monument aux morts, au niveau de l’ancienne entrée, avenue Georges Métayer.
Il y a aussi des traces des deux autres conflits qui ont ensanglanté notre continent européen. De même dans le cimetière du Nord, voisin du Monumental, il y a un carré où sont inhumés une centaine de soldats allemands de la Première guerre mondiale.
Sources :
Sur l’histoire du cimetière, voir le site de Jacques Tanguy, conférencier de Rouen ville d’art et d’histoire, https://www.rouen-histoire.com/Cimetieres/Monumental.htm
Sur le label Cimetière remarquable d’Europe, voir l’article du journal Le Parisien de décembre 2019 https://www.leparisien.fr/societe/rouen-le-monumental-obtient-le-label-cimetiere-remarquable-d-europe-06-12-2019-8211399.php
Chaline Jean-Pierre (dir.), Mémoire d’une ville : le Cimetière Monumental de Rouen, Société des Amis des monuments rouennais, 1997.
Chaline Jean-Pierre, L’art funéraire, expression d’une société ? L’exemple du Cimetière Monumental de Rouen, Annales de Normandie, 1982. https://www.persee.fr/doc/annor_0000-0003_1982_hos_1_1_4166
Y aller
rue du Mesnil Grémichon, 76000 Rouen. Pour les horaires d’ouverture: 02 35 12 05 46.
Vous pouvez aussi écoutez sur ce sujet l’émission que Jean Braunstein a consacrée à ce sujet avec Guy Pessiot comme invité https://rcf.fr/culture/patrimoine/cimetieres-en-normandie.