Histoire et dénomination
Ce bel immeuble du XVe siècle de la rue Eau-de-Robec est appelé « La Maison des 4 Fils Aymon ». Ce nom lui avait été donné vraisemblablement par un drapier, comme il y en avait beaucoup dans la rue Eau-de-Robec ; le nom évoque la légende des 4 Fils Aymon. Les quatre frères, Renaut, Alart, Guichart, Richart, après avoir tué Bertolaï, le soi-disant neveu de Charlemagne, doivent s’enfuir sur leur fougueux cheval Bayard, immortalisés dans les rochers qui surplombent le village de Bogny-sur-Meuse dans les Ardennes. Leur cavale les conduit dans les Ardennes, à Bordeaux, à Montauban, à Dortmund. On les voit même à Cologne où ils participent à la construction de la cathédrale. Bref ils circulent dans une Europe ouverte …
Cette belle bâtisse à pans de bois, construite avant l’édit de François 1er de 1520, interdisant la construction d’immeubles à encorbellements, était restée longtemps à l’abandon, et elle portait même le surnom de « Maison des mariages », car elle abritait surtout les sans-abri qui pouvaient s’y retrouver librement.
La Société des Amis des Monuments Rouennais est régulièrement intervenue auprès des édiles rouennais pour trouver une affectation sérieuse au bâtiment, inquiète par son état de délabrement. Plusieurs projets avortent : musée d’Art normand, foyer franco-canadien, magasin d’antiquité, foyer des Compagnons du tour de France …
Werner Groepler (1918-2012), Allemand fait prisonnier par les Américains dans la Manche, avait décidé après la guerre de rester en Normandie et de consacrer sa vie à la réconciliation franco-allemande et à la construction de l’Europe ; pour cela, il créa l’association des « Échanges Culturels » qui devint en 1963 la Maison de l’Europe de Haute-Normandie. Il proposa d’utiliser la Maison des 4 Fils Aymon pour y héberger la Maison de l’Europe de Haute–Normandie et d’en faire un chantier international pour les jeunes Européens, mais l’idée ne fut pas retenue …
Installation du MUNAÉ
Il est décidé en 1976 d’y installer le MUsée NAtional de l’Éducation (MUNAÉ), grâce à l’impulsion de Michel Denieul, directeur du Cabinet du Ministre de l’Éducation nationale René Haby, et de François Bourguignon, Conservateur des Monuments historiques. La maison va devenir la « vitrine en ville » du Musée National de l’Éducation, et l’ensemble immobilier dénommé « maison des mariages » est officiellement cédé à l’État à titre gratuit en 1977.
Des expositions temporaires complètent une exposition permanente qui satisfait tous les curieux et rappelle quelques souvenirs aux nostalgiques. Aujourd’hui, le MUNAÉ présente la plus importante collection de patrimoine éducatif en Europe.
Rouen et Charlemagne
Le Musée national de l’éducation évoque naturellement l’école et nous renvoie encore à Charlemagne, son « inventeur » supposé (cf. la chanson de Robert Gall et Georges Liferman popularisée par France Gall « Sacré Charlemagne »). Sa présence est attestée en Normandie, à l’époque une petite partie de la Neustrie, avant qu’il ne parte pour Rome, où il se fait couronner empereur en l’an 800.
Charlemagne est représenté sur le frontispice de la chapelle du lycée Corneille, aussi appelée église Saint-Louis.
Tout cela explique que la Via Charlemagne, route secondaire de l’itinéraire culturel du Conseil de l’Europe, passe par Rouen.
Pour en savoir plus
Musée National de l’Éducation : https://rouen.fr/education
Histoire du MUNAÉ : https://www.amisdesmuseesdelecole.fr/le-musee-national-de-leducation-munae/ et https://www.reseau-canope.fr/musee/fr/connaitre/le-musee.html
Légende des 4 Fils Aymon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chanson_des_quatre_fils_Aymon
Église Saint-Louis : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Louis_de_Rouen
Via Charlemagne : https://www.coe.int/fr/web/cultural-routes/via-charlemagne
Pour s’y rendre
Tres intéressant. J ai bien connu Werner Groepler