Le Gros-Horloge nous parle d’Europe
Comme dans nombre de villes de l’Europe médiévale et renaissante, le beffroi (Europe du Nord) et le campanile (Italie, Europe du Sud) situent le centre-ville et organisent la vie urbaine, notamment celle de ses artisans et ouvriers organisés en corps de métiers ; la bourgeoisie des maîtres de corporations donne le la en prenant la tête des municipalités et entend bien organiser le temps de la ville suivant son rythme, d’où l’importance de l’horloge.
Le Gros-Horloge est donc l’un des monuments emblématiques de la ville de Rouen. La voûte, accolée à un beffroi, est constituée d’une arche Renaissance, décorée de la scène du Bon Pasteur, le Christ entouré de moutons (le mouton est l’emblème de la ville de Rouen, symbole également de l’activité de l’industrie drapante de la laine, très active à Rouen) . Cette arche est surmontée d’une horloge astronomique du XIVe siècle.
Ici, une aiguille unique, au bout de laquelle est représenté un agneau, pointe l’heure. Les phases de la lune sont indiquées dans l’oculus de la partie supérieure du cadran.
Cette sphère effectue une rotation complète en 29 jours.
Apparaît aussi un semainier à l’intérieur d’une ouverture pratiquée à la base du cadran.
Celui-ci est décoré de sujets allégoriques : la lune qui figure Diane pour le lundi, Mars pour le mardi, Mercure pour le mercredi, Jupiter pour le jeudi, Vénus pour le vendredi, Saturne pour le samedi et Apollon pour le dimanche.
Le saviez-vous ?
La face Est du Gros-Horloge fait apparaître un angelot à l’envers. C’est le symbole du mécontentement des ouvriers piémontais envers leurs conditions de travail. Rouen, seconde ville du royaume jusqu’au XVIe siècle, a en effet des liens forts avec l’Italie du Nord dont elle importe les produits tinctoriaux, notamment l’alun, et certains savoir-faire. Rouen est enfin en contact étroit avec les villes de la Hanse, le long de la Mer du Nord et de la Mer Baltique à qui elle vend ses draps, son vin, ses blés et ses épices.