Parcours Européens à Rouen.

Parcours Mouvement Européens à Rouen.
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La guerre de 1870-1871
Mémoire régionale, mémoire européenne

Éclipsée par les deux guerres mondiales, la guerre franco-prussienne de 1870 est sortie de la mémoire collective. Reste que le mot « prussien » a gardé une connotation négative.

Une guerre franco-prussienne

Certes, ce fut une guerre courte et une défaite humiliante : six mois, entre la déclaration de guerre de la France impériale à la Prusse de Bismarck, le 19 juillet 1870, et l’armistice, le 28 janvier 1871, à la demande d’une France marquée par la capitulation de Sedan, le 2 septembre 1870, entraînant la captivité de Napoléon III. La poursuite de la guerre par la toute jeune République est sans gloire, avec des armées de secours qui échouent, un ennemi qui fait une guerre de siège destructrice et qui envahit inexorablement le territoire. Restent les actes héroïques à l’échelle locale des gardes mobiles, mal équipés, mal encadrés. Seule figure tutélaire de cette période de chaos, le républicain Gambetta, ministre du gouvernement de Défense nationale, s’échappant en ballon de Paris assiégée pour aller organiser les armées en province.

Une guerre oubliée

Pourtant ce fut une guerre terrible pour les soldats et les civils et lourde de conséquences, qui a marqué plusieurs générations. Le Traité de Francfort, signé le 10 mai 1871, confirme l’annexion inacceptable de l’Alsace et de la Lorraine du Nord et le paiement d’une lourde indemnité de guerre de 5 milliards de francs or.

En fait, la guerre de 1870 est occultée par le souvenir prégnant de la Commune.
Au XXe siècle, la République l’associe à l’empire honni et l’historiographie s’en désintéresse. Alors la nation se fait oublieuse. Il faut attendre 1911 pour que les anciens combattants reçoivent une médaille commémorative. Quelques rejeux de mémoire lors de la bataille des frontières durant l’été 1914 et la débâcle en juin 1940 font resurgir les précédents.

Naturellement, en Allemagne, on célèbre le Sedanstag, tous les 2 septembre, jusqu’en 1918. La colonne de la Victoire à Berlin (Siegessäule) s’en fait l’écho. Puis là aussi le souvenir de cette guerre se dissipe.

Les Prussiens en Normandie

La Normandie devient un nouveau théâtre d’opérations à partir du siège de Paris à l’automne 1870. Pour parer la jonction des troupes levées en province, les Prussiens sécurisent un large périmètre autour de Paris, lancent des attaques dans le Vexin et envahissent la Normandie. En octobre, Gisors et Gournay-en-Bray sont pris.

Garde mobile. Détail d’une peinture de P. Grolleron. Musée de l’Armée

Fin novembre, c’est Vernon. Des combats ont lieu autour de Buchy (4 décembre 1870), dernière ligne de défense avant Rouen. En vain, le 5 décembre, les Prussiens entrent à Rouen non défendue, après le repli des combattants sur Pont-Audemer et Honfleur, faisant 200 morts de froid. Louviers, Évreux tombent aussi. De violents combats ont lieu en janvier 1871 à Moulineaux et aux alentours. Elbeuf, Bernay sont occupés. L’ennemi marche aussi sur Yvetot, Bolbec, Saint-Romain et prend Dieppe, renonçant au Havre, qui s’enorgueillit de son esprit de résistance. Finalement, toute la Normandie orientale est conquise.

Qui donc combat en Normandie ? L’armée française étant défaite, les soldats sont issus des gardes mobiles mises sur pied de guerre hâtivement. Des bataillons de Normands ayant été envoyés à Paris, la Normandie est défendue par des mobiles venus d’autres régions, notamment des Ardéchois qui s’illustrent à Vernon. S’ajoutent des volontaires et des francs-tireurs.

Ulhan. Détail d’une peinture de W.-C. Beauquesne. Musée de l’Armée

Côté ennemi, aux casques à pointe prussiens s’ajoutent entre autres des Bavarois. En outre, les Rouennais voient aussi déferler les Uhlans, redoutable unité de cavaliers lanciers.

La conquête est suivie de l’occupation de la Normandie qui perdure au-delà du Traité de Francfort, la libération du territoire étant conditionnée au paiement de l’indemnité de guerre. Elle prend fin le 22 juillet 1871 avec le paiement anticipé de 2 milliards de francs or, réunis par le ministre des Finances, le Rouennais Pouyer-Quertier.

L’occupation prussienne est une épreuve terrible pour les Rouennais qui subissent la loi du vainqueur, les exactions des soldats (8000) qu’ils doivent loger, les réquisitions, taxations, représailles et le chômage du fait de l’arrêt des activités économiques. Il en est de même dans les campagnes. Il s’agit pour les Allemands de ravitailler Paris.

Le patrimoine mémoriel dans la Métropole de Rouen

Une guerre perdue et ruineuse ne génère pas beaucoup de monuments commémoratifs. Pour faire oublier la défaite, on construit des monuments près des lieux de combats mettant en valeur des actes d’héroïsme.

La loi du 4 avril 1873, conformément au Traité de Francfort, impose le carré militaire. Ainsi trouve-t-on dans certains cimetières des tombes de soldats tant français qu’allemands, financées par l’État.

Signalétique de la Ligue patriotique rouennaise

Dans les années 1890, sous l’impulsion d’associations patriotiques, tel le Souvenir français, des monuments commémoratifs sont érigés dans les cimetières de la région, propices aux cérémonies patriotiques. Ainsi par l’action des associations, la guerre de 1870 sort de l’oubli à l’échelle locale.

Le modèle courant de monument comprend un obélisque en pierre, une inscription patriotique, le nom des soldats tués et éventuellement quelques sculptures symboliques. Ces monuments se multiplient dans les communes de la rive gauche : à Petit-Quevilly (1893), Grand-Quevilly (1896), Saint-Étienne-du-Rouvray (1896), Oissel (1898), Sotteville-lès-Rouen (1899). Ils sont financés par souscription publique, avec l’appui de comités émanant d’associations patriotiques.

Le « Monument de la guerre de 1870 » de Petit-Quevilly est original. Il a été conçu pour honorer tous les soldats et marins morts pour la patrie depuis 1870. Sa base est constituée d’un caveau contenant le corps d’un soldat mortellement blessé au Tonkin. Par-dessus, se dresse une grande pyramide quadrangulaire. Sur la face principale, le sculpteur a imbriqué une couronne  funéraire et une palme de feuilles de laurier. Du chapiteau sommital, décoré de volutes et de feuilles d’acanthe, se détache un buste de la République. Une liste de noms de soldats est gravée. Ce monument est l’œuvre de l’architecte rouennais Trintzius et du sculpteur Bertrand. Son entretien a été confié au Souvenir français. Très délabré, il a été restauré en 2011 par la commune.
Des monuments sont aussi édifiés à Darnétal (1900) et à Maromme (« monument des Mobiles »1906).

« La France endeuillée », monument aux morts de 1870. Cimetière Monumental de Rouen

À Rouen, le comité de la Ligue patriotique fait édifier en 1889 un monument dans le cimetière Monumental, réalisé par l’architecte Chedanne et le sculpteur Benet. Le soubassement et l’emmarchement mettent en valeur la statue en pierre blanche d’une femme assise, devant un obélisque. Corsetée, les mèches de cheveux flottant au vent, l’épée au flanc, telle une Marianne combattante, elle figure la « France en deuil ». Sur les côtés, des listes de soldats tués dans les combats des environs de Rouen, avec la mention du corps d’armée et du département d’origine.

Liste des soldats tués dans les combats à Buchy. Monument aux morts de 1870 du Cimetière Monumental de Rouen
Sculpture de Delandre, monument aux morts de 1870 d’Elbeuf

À Elbeuf, le monument dans le cimetière Saint-Jean comprend une statue en bronze du sculpteur Robert Delandre, représentant un jeune homme nu, la tête ceinte d’une couronne de laurier, assis au pied d’un obélisque, inscrivant le nom des soldats morts sur le livre d’or de la Patrie. Dans le décorum, un lourd drapeau sur hampe.

Tombeau de Nétien. Cimetière Monumental. Rouen

En réaction contre les accusations de couardise proférées par les Havrais, les Rouennais font édifier un tombeau au  Cimetière Monumental de Rouen, en l’honneur de Nétien, promu maire le 4 septembre 1870, décédé en 1883, et qui eut la lourde tâche de contenir les exigences des Prussiens. Son auteur : Juste Lisch. L’obélisque de pierre sert de support au buste en bronze du maire, héroïsé par une palme et un aigle impérial allemand au pied du monument, la tête levée vers le maire.

Le monument du « Qui vive » à Moulineaux (1901).

Monument du « Qui vive » à Moulineaux

Le monument est dressé sur un belvédère dominant la Seine, près du château de Robert le Diable où eurent lieu des combats acharnés entre le 30 décembre 1870 et le 4 janvier 1871, opposant 1500 mobiles et 15 000 Prussiens.
Ici, on a une composition architecturale, réalisée par l’architecte Eugène Fauquet et le sculpteur Auguste Fouchet. Le monument se présente comme une tour ronde en ruines, de style néogothique, en harmonie avec le château voisin. Devant, une sculpture de mobile avec tout son barda, le fusil à la main, montant la garde. Le financement a été assuré par une souscription couvrant l’ensemble de la région rouennaise et soutenue par des personnalités. Il a servi de cadre à des fêtes patriotiques au début du XXe siècle. Depuis 1959, il abrite les cendres de soldats tués à Moulineaux.

Statue du « Mobile » de La Maison brûlée

À proximité, au carrefour de la Maison Brûlée, un monument du « Mobile » est édifié  en 1873, en l’honneur du grand nombre de mobiles tués dans les combats du secteur en janvier 1871. Avec sa statue de bronze sur un haut piédestal, représentant un mobile, appuyé sur son fusil, l’inscription patriotique et les listes de soldats tués, il préfigure les monuments aux morts de la Grande Guerre.

La mémoire littéraire du conflit

Dans sa célèbre nouvelle, Boule de suif », 1880, Guy de Maupassant raconte l’arrivée des Prussiens à Rouen. En 1882, dans Mademoiselle Fifi, il décrit la peur, la lâcheté des notables rouennais, dans le même contexte. En 1883, Le père Milon raconte les exactions des Prussiens dans les campagnes.
Dans sa correspondance, Flaubert relate et commente avec lucidité les événements de la guerre de 1870. Dans une lettre à George Sand, du 11 mars 1871, il écrit : « Si nous prenons notre revanche, elle sera ultra féroce, et notez qu’on ne va penser qu’à cela, à se venger de l’Allemagne. Le gouvernement, quel qu’il soit, ne pourra se maintenir qu’en spéculant sur cette passion. Le meurtre en grand va être le but de tous nos efforts, l’idéal de la France ».
On se remémorera aussi le célèbre poème de Rimbaud, Le dormeur du val, 1870.

Regard européen

Par ses causes, ses acteurs, ses conséquences, cette guerre concerne l’Europe.
La guerre naît d’un problème de succession dynastique en Espagne. La candidature d’un Hohenzollern qui déplaît à Napoléon III provoque une crise diplomatique et dégénère en conflit.

Volontaire de la légion de Garibaldi. Musée de l’Armée

­ Il se produit rapidement une internationalisation du conflit  avec l’arrivée de volontaires étrangers : Italiens aux côtés de Garibaldi, républicains espagnols, Polonais, Hongrois, Irlandais… Des armes arrivent des Etats-Unis (reliquat de la guerre de Sécession).
Les États européens observent le conflit, de même l’Amérique latine, ouvrant la voie au journalisme de guerre.
­ La définition d’un statut de neutralité se pose, à partir du cas de la Belgique et de la Suisse, préfigurant les conventions de la Haye (1899 et 1907).
­ L’organisation de l’aide humanitaire progresse avec la création d’ambulances sous l’égide de la Croix Rouge. La solidarité internationale s’impose aux États proches des zones de combats.
Cette guerre a son lot de réfugiés dont les Alsaciens qui préférèrent la République française à l’Empire allemand. Certains s’installèrent à Elbeuf, comme la famille Blin (voir notre article https://parcours-europeens-rouen.fr/lusine-blin-a-elbeuf/) et la famille du futur André Maurois (né Émile Herzog).
Avec l’instauration de la République en France, la création de l’Empire allemand, la finalisation de l’unité italienne, la géopolitique de l’Europe est bouleversée.

La matrice des autres guerres

Une nouvelle relecture de l’événement à l’approche du cent cinquantième anniversaire du conflit montre les prémices d’une guerre totale.
­ On voit se dessiner la guerre industrielle avec des armes destructrices.
Des crimes de guerre sont commis. Les récits d’atrocités forgent l’idée de barbarie allemande.
­ Les 500 000 prisonniers de guerre français envoyés en Allemagne constituent une première expérience de captivité de masse.

Sources

Allorant P., Badier W., Garrigues Jean (dir), 1870, entre mémoires régionales et oubli national. Se souvenir de la guerre franco-prussienne, Rennes Presses Universitaires de Rennes, 2019.
Chaline Jean-Pierre, Témoins d’une guerre oubliée : les monuments commémoratifs de 1870-71 en Haute-NormandieÉtudes normandes, 2009-1, Les Monuments de la mémoire.
Chaline Jean-Pierre, Il y a 150 ans, une guerre oubliée ? 1870-1871 en Normandie, Études normandes, n°14, 2020.
Croguennec Michel, La résurrection du monument de la guerre de 1870 au cimetière municipal de Petit-Quevilly, Études normandes, 2012-1
Heinzen Jasper, La guerre oubliée, L’Histoire, n°469, mars 2020, 1870 l’année terrible.
Maupassant (de) Guy, Contes normands, présentés par Marie-Claire Bancquart, Livre de poche, 2004.
Vadelorge Loïc, Mémoires de guerre. I La rive gauche de 1870 à 1914, Rouen, District de l’agglomération rouennaise, Histoire(s) d’agglo n°9, 1999.

Sitographie :
https://www.persee.fr/doc/etnor_0014-2158_2009_num_58_1_1753)
https://www.pop.culture.gouv.fr/search/mosaic?base=%5B%22Patrimoine%20architectural%20%28M%C3%A9rim%C3%A9e%29%22%5D&image=%5B%22oui%22%5D
Le dormeur du val récité par Serge Reggiani : https://www.youtube.com/watch?v=u8-qu6hDeLU

Musée sur la guerre de 1870 : Musée de l’Armée, Paris, salles Napoléon III

 

10 Commentaires

  1. Magnifique article, émouvant ! Mais pourquoi avoir écarté la mémoire des généraux Faidherbe et Chanzy qui, par leurs actions héroïques ont sauvé l’honneur ? Une colonne Faidherbe se dresse à Pont-Noyelles dans le département de la Somme.

    1. Le titre indique explicitement que le sujet porte essentiellement sur la guerre en Normandie et son impact en Europe. Le fil conducteur est d’expliquer l’oubli dans lequel est tombée cette terrible guerre. La question mérite qu’on y réfléchisse puisque l’oubli englobe même des généraux héroïques. A l’échelle nationale, on connaît le Faidherbe colonisateur, mais qui sait qu’il a combattu pendant la guerre de 1870 ?
      Dans cet article l’histoire militaire n’est pas le cœur du sujet, et comme Faidherbe et Chanzy, respectivement chefs des Armées du Nord et de la Loire, n’ont pas combattu en Normandie, ils n’ont pas été cités. Ceux qu’il faut admirer en Normandie, ce sont les mobiles, qui préfigurent les poilus. Les monuments aux morts de 1870 montrent l’ampleur de leur sacrifice.

      1. J’ai bien lu ta réponse. Mais j’ai réagi parce que tu as écrit :
        « La poursuite de la guerre par la toute jeune République est sans gloire, avec des armées de secours qui échouent, »
        La poursuite de la guerre n’est pas sans gloire, car Faidherbe et Chanzy ont relevé l’honneur en faisant ce qu’ils pouvaient, après un désastre total et lamentable de Napoléon III, dont ils ne sont pas responsables. Ils ont tenu 4 mois avec énergie et sens du devoir !.

        1. J’admets que l’expression « sans gloire » semble accusatrice.
          Les armées de secours qui sont levées rapidement en province, par le gouvernement de la Défense nationale (la République), au grand étonnement des Prussiens qui ne pensaient pas que la France avait encore des ressources militaires, bien encadrées et galvanisées, ont soulevé beaucoup d’espoir, mais sont vaincues sur le front de la Loire, le Nord et l’Est.
          J’aurais pu parler de combats héroïques. Mais derrière ce mot, il y a aussi la défaite, car le vocabulaire patriotique est connoté.
          On parle de gloire en cas de victoire qui suscite la fierté et s’inscrit dans la postérité. Le mot héroïsme s’emploie uniquement en cas de défaite, pour mettre en avant l’abnégation des soldats et atténuer le choc.

  2. Ayant rédigé un mémoire de master 2 sur les conséquences économiques et sociales de la guerre de 1870 en Seine-Inférieure et dans l’Eure, et fait de nombreuses conférences sur l’occupation prussienne dans les villes de la Seine-Maritime (Rouen, Dieppe, Yvetot, Fécamp, Le Havre), je suis heureux de n’être pas le seul à parler de cette période oubliée ! Je vous signale le mémoire de master d’Anne VANDERBROUCK sur la mémoire de la guerre de 1870 en Seine-Inférieure. Disposant d’une très grande bibliothèque sur le sujet, je suis à votre disposition.

    1. C’est une guerre oubliée en effet. En plus des raisons déjà invoquées, il y a l’effacement des mémoires familiales avec le remplacement des générations, son retrait progressif des programmes scolaires du secondaire depuis les années 1960. Quelques espoirs du côté du tourisme mémoriel. Précurseurs, les monuments aux morts de la guerre de 1870 ont de l’intérêt.
      Le cent cinquantième anniversaire de l’événement offre aussi l’occasion d’en faire une nouvelle présentation et de valoriser vos recherches, surtout que votre sujet de master recoupe l’intérêt récent de l’historiographie pour la vie des civils pendant les guerres. C’est l’année pour proposer des articles dans les revues et journaux locaux, de faire des conférences. Où sont déposés les mémoires de master cités ? Merci pour toutes ces informations

  3. J’ai lu avec grand intérêt cet article et les commentaires qu’il a suscité.
    Préparant un petit article sur cette malheureuse guerre pour mon cercle généalogique, j’ai réuni quelques documents familiaux. C’est bien sûr un minuscule événement, mais je suis intrigué par la date du 4 juin 1871 d’une lettre écrite de Rouen à un vétérinaire de Cherbourg, lui demandant de choisir de beaux chevaux pour remplacer ceux que les prussiens avaient pris à l’auteur de la lettre. Pourtant l’évacuation par les prussiens n’a lieu que le 22 juillet ! La signature du traité de Francfort avait-elle fait cesser les réquisitions ?
    Merci pour votre travail.

    1. Merci pour votre commentaire. L’interférence de l’Histoire dans la vie des gens est intéressante.
      L’article 8 du Traité de Francfort (10 mai 1871) stipule l’arrêt des réquisitions (en argent et en nature) dans les territoires occupés, en contrepartie de l’entretien des troupes allemandes par le Gouvernement français. Cette disposition est déjà prévue dans le traité préliminaire de paix du 26 février 1871 (article 4), signé à Versailles.
      Donc à la date du 4 juin 1871, quand on est propriétaire de chevaux, on sait qu’en principe, il n’y aura plus de réquisitions prussiennes et qu’on peut donc reconstituer son cheptel. En revanche, on ne sait pas à quelle date les Prussiens partiront, l’évacuation des territoires occupés étant conditionnée par le paiement d’une partie de la lourde indemnité de guerre. Le premier emprunt national est émis le 20 juin 1871. Il rapporte au-delà des espérances, rendant possible, entre autres, la libération par anticipation de la Seine-Inférieure, le 22 juillet 1871. Tout est donc cohérent !

  4. Bonjour,
    Article fort intéressant sur un conflit qui mérite d’être davantage connu. En ce qui concerne la couverture littéraire du conflit, je n’ai jamais pu mettre la main dessus mais je tiens de source certaine qu’un écrivain aujourd’hui bien oublié, Jean Revel (nom de plume de Paul Toutain) a écrit une nouvelle intitulée « Les capotes bleues » qui raconte les combats de Chateau-Robert, auxquels il a participé en tant que mobile de l’Eure.

    1. Jean Revel a en effet écrit des récits sur la guerre de 1870. Ses récits sont regroupés dans deux ouvrages :
      Contes normands, Editions Fasquelle, 1901,
      Récits vécus, Editions H. Delafontaine, 1921.
      Le récit « Les capotes bleues » constitue le premier chapitre de Récits vécus. Il fait une cinquantaine de pages. Vous trouverez l’ouvrage à la bibliothèque de Sotteville-lès-Rouen, dans le fonds ancien. Cote 4A3-15.
      L’autre ouvrage, Contes normands, serait à la bibliothèque d’Évreux, dans le fond patrimonial.
      Merci d’avoir attiré mon attention sur la couverture littéraire de cette guerre.

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